Présidence

XVIIIème SESSION ORDINAIRE DE LA CONFÉRENCE DES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE LA COMMUNAUTÉ ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE CENTRALE (CEEAC)

DECLARATION DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SECURITAIRE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Libreville, République Gabonaise, 27 novembre 2020

Nous, Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), réunis à Libreville le 27 novembre 2020, à l’occasion de la XVIIIème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement ;

Rappelant le Traité révisé instituant la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), en vigueur depuis le 28 août 2020 et son Protocole relatif au Conseil de Paix et de Sécurité de l’Afrique Centrale (COPAX) ;

Considérant que le conflit interne qui mine la République Centrafricaine (RCA) met en danger la paix et la sécurité d’autres États membres de la Communauté, qu’il donne lieu à des actes susceptibles de relever de la catégorie des crimes internationaux et qu’il menace encore l’unité de la RCA et son existence comme État souverain ;

Conscients de la nécessité pour la CEEAC d’apporter une stratégie de réponse à la hauteur de la menace et des conséquences actuelles et à venir sur l’ensemble de la région et de la Communauté ;

Rappelant le rôle crucial joué par la CEEAC dans la stabilisation et la pacification de la RCA, à travers notamment le déploiement de la Mission de Consolidation de la Paix en RCA (MICOPAX), l’ouverture de son Bureau de liaison à Bangui et sa participation à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en Centrafrique ayant débouché sur la signature, le 06 février 2019, de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA ;

Déterminés à construire en Afrique centrale une communauté de destin jouissant de la sécurité, de la paix et de la stabilité politique en vue de nous consacrer résolument aux tâches qu’imposent les défis du développement durable dans un monde en perpétuelle transformation ;

Notons et saluons les progrès enregistrés aussi bien dans la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA signé en février 2019 que dans la préparation des élections présidentielles et législatives, marqués par l’enrôlement de presque deux millions d’électeurs ;

Exprimons, toutefois, notre préoccupation face au retard observé dans la mise en œuvre de certains engagements de l’Accord politique et à la persistance des violences contre les populations civiles et le personnel humanitaire, de l’exploitation illégale des ressources naturelles par les groupes armés et des menaces d’obstruction au processus électoral par ces derniers ;

Notons et Regrettons que le trafic illicite des ressources naturelles et la transhumance saisonnière alimentent l’insécurité au niveau des frontières communes, mettant en péril l’épanouissement des liens anciens et traditionnels entre nos communautés ainsi que nos efforts d’intégration et de co-développement ;

Condamnons fermement l’activisme de certains groupes armés et forces négatives visant à alimenter ou susciter la haine entre les ethnies et les communautés ;

Exhortons les acteurs politiques centrafricains, les leaders d’opinion et les populations à saisir l’opportunité historique des élections présidentielles et législatives du 27 décembre 2020 pour poser les bases de la démocratisation, de la réconciliation et de la reconstruction durable de la RCA, et à se surpasser en privilégiant le dialogue, en s’abstenant de tout ce qui pourrait porter atteinte à la sécurité et à la paix afin de garantir un meilleur avenir au peuple centrafricain.

Exhortons particulièrement tous les acteurs politiques centrafricains à mettre à profit le processus électoral en cours pour promouvoir la reconstruction et le développement de leur pays ;

Encourageons tous les groupes armés à appliquer sans délai l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en déposant sans conditions les armes, en s’engageant loyalement dans le processus de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement (DDRR) et en transformant leurs mouvements armés en partis politiques en vue de solliciter les suffrages du peuple centrafricain, seul souverain ;

Saluons le rôle décisif de la Mission multidimensionnelle intégrée de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) dans la pacification de la RCA ;

Félicitons et encourageons les Etats membres de la Communauté contributeurs de troupes à la MINUSCA et condamnons, avec la plus grande fermeté, les attaques perpétrées contre le personnel de la mission dont nous tenons à saluer l’engagement ;

Remercions la communauté internationale pour sa forte mobilisation et sa contribution aux efforts de stabilisation de la RCA ;

Appelons la même communauté internationale, à travers les partenaires bilatéraux et multilatéraux impliqués, à encourager la politique de dialogue instaurée et à renforcer, au lendemain des élections, son appui à cet Etat membre de notre Communauté à travers un programme robuste de reconstruction et de développement post-conflit, élaboré et conduit en collaboration avec la CEEAC au nom des principes de subsidiarité et de complémentarité consacrés dans la Charte des Nations Unies ;

Réitérons notre appel au Conseil de Sécurité des Nations Unies en vue de la levée de l’embargo sur les armes à l’encontre de la République Centrafricaine pour permettre à ce pays de disposer de moyens nécessaires pour la refondation de ses forces de défense et de sécurité ;

Décidons, en raison de l’enjeu que constituent la paix et la sécurité en RCA pour le destin de l’ensemble de la Communauté, et au nom des principes de non-indifférence et de solidarité communautaire, réaffirmés dans les textes fondamentaux issus de la réforme de notre organisation régionale, de renforcer la présence des États membres aux côtés de la RCA et son peuple à travers :

1. La désignation d’un médiateur dans la crise centrafricaine ;

2. Le déploiement, par la Commission de la CEEAC, d’une mission d’observation électorale conséquente aux élections présidentielles et législatives du 27 décembre 2020 ;

Fait à Libreville, le 27 novembre 2020

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