Présidence

COMMUNICATION DE L’AMBASSADEUR GILBERTO DA PIEDADE VERISSIMO, PRESIDENT DE LA COMMISSION DE LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE CENTRALE (CEEAC)

1107ème Réunion Ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine sur le thème : « Renforcement des Communautés Economiques Régionales et des Mécanismes Régionaux pour le maintien de la paix et la sécurité en Afrique : prévenir et lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent sur le continent »

New York, le 23 septembre 2022

COMMUNICATION DE L’AMBASSADEUR GILBERTO DA PIEDADE VERISSIMO, PRESIDENT DE LA COMMISSION DE LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE CENTRALE (CEEAC)

Excellence Madame la Ministre des Affaires Etrangères et de l’Intégration Régionale de la République du Ghana, Président en exercice du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres ;

Excellence Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine ;

Mesdames et Messieurs les Représentants des Communautés Economiques Régionales et des Mécanismes Régionaux ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants Permanents ;

Mesdames et Messieurs ;

Permettez-moi, avant tout propos, de féliciter Madame Shirley Ayorkor Botchwey, Ministre des Affaires Etrangères et de l’Intégration Régionale de la République du Ghana, pour l’élection de son pays à la présidence du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine pour le mois de septembre 2022. Je saisis cette occasion pour Vous souhaiter un fructueux mandat à la tête du Conseil.

Je voudrais également féliciter le Conseil de Paix et de Sécurité et la Commission de l’Union Africaine pour l’organisation de cette importante réunion, consacrée à une thématique aussi complexe qu’actuelle et les remercier pour avoir bien voulu y associer la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC).

Excellence Madame la Présidente du Conseil ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres ;

Mesdames et Messieurs ;

La tenue de cette réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité sur le thème inscrit à l’ordre du jour, quatre mois seulement après une session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, atteste de la centralité de la question du terrorisme et de l’extrémisme violent sur notre continent. Comme le soulignait Son Excellence Monsieur Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République Démocratique du Congo et Président en Exercice de la CEEAC, lors de son allocution devant l’Assemblée Générale des Nations Unies il y a trois jours, aucune région d’Afrique n’est, à ce jour, épargnée par la gangrène du terrorisme et de l’extrémisme violent qui semble désormais affecter notre Continent plus que toutes les autres régions du monde.

En ce qui concerne l’Afrique centrale, il y a lieu de rappeler que, par sa position géographique au cœur du continent africain, cette région se trouve exposée aux menaces terroristes aussi bien exogènes qu’endogènes. Les menaces exogènes sont liées aux actions des groupes terroristes provenant de régions voisines, comme c’est le cas de Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad, des mouvements terroristes divers opérant dans l’espace sahélien ainsi que de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) et des Forces Démocratiques Alliées (ADF) qui venant d’autres régions restent actifs en République Démocratique du Congo aujourd’hui.

Excellence Madame la Présidente du Conseil ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres ;

Mesdames et Messieurs ;

En vue de faire face à la menace terroriste décrite ci-haut, les acteurs étatiques en Afrique centrale ont agi et continuent d’agir à trois niveaux. Le premier niveau concerne les réponses nationales au terrorisme et à l’extrémisme violent telles que déployées par les Etats directement exposés à la menace, principalement le Cameroun, la République Démocratique du Congo et le Tchad. En plus d’adopter des lois nationales spécifiques sur le terrorisme et l’extrémisme violent, ces Etats ont engagé des actions militaires d’envergure qui ont permis, dans une large mesure, de contenir la menace, sans toutefois l’éradiquer totalement.

Le deuxième niveau concerne l’adhésion des Etats susmentionnés aux initiatives bilatérales et multilatérales consacrées à la prévention et à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. C’est dans ce cadre qu’il sied d’approcher la participation du Cameroun et du Tchad à la Force Multinationale Mixte dans le cadre de la Commission du Bassin du Lac Tchad aux côtés du Niger, du Nigeria et du Bénin, en vue de lutter contre le groupe terroriste Boko Haram. En outre, le Tchad participe au G5 Sahel aux côtés du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie et du Niger en vue de lutter contre le terrorisme au Sahel. C’est dans cette même logique de mutualisation des moyens avec les Etats voisins que les armées de la République Démocratique du Congo et de l’Ouganda mènent depuis près d’une année des opérations militaires conjointes en vue d’éradiquer le groupe terroriste appelé Forces Démocratiques Alliées.

Le troisième niveau concerne les efforts déployés par la région en tant que Communauté des destins. A ce sujet, il y a lieu de rappeler que la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC, lors de sa 18ème Session ordinaire tenue à Libreville, République Gabonaise, le 27 novembre 2020, a approuvé la Stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme en Afrique centrale.

Cette stratégie, qui s’appuie sur la stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies adoptée en 2006 et sur la Convention de l’OUA relative au terrorisme adoptée en 1999, se décline en cinq axes principaux, à savoir : (1) la prévention du terrorisme ; (2) la protection contre le terrorisme ; (3) l’intervention en cas d’attaques terroristes ; (4) la poursuite-répression du terrorisme ainsi que (5) la prise en charge des conséquences du terrorisme.

En vue de la mise en œuvre de cette stratégie, la CEEAC travaille actuellement à la mise en place d’un Comité Permanent de Coopération Policière et Judiciaire de l’Afrique Centrale et d’un Centre régional d’études et de coordination de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime transnational organisé en Afrique centrale. En même temps, elle exhorte chacun de ses Etats membres à mettre en place un Cadre national permanent, intégré et multidimensionnel d’échanges entre tous les services étatiques impliqués dans la prévention et la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime transnational organisé.

Excellence Madame la Présidente du Conseil ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres ;

Mesdames et Messieurs ;

Les initiatives prises en vue de faire face au terrorisme et à l’extrémisme violent aussi bien en Afrique centrale que dans les autres régions du continent africain sont nombreuses. Pourtant, la menace persiste et, à en croire les spécialistes, elle s’amplifie. Que faire donc de plus ?

Nous pensons, au niveau de la CEEAC, que le moment est venu de nous focaliser suffisamment sur les causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent en Afrique. Ces causes se situent dans la nature de la gouvernance politique des Etats, de leur situation économique et des conditions sociales de leurs populations, mais aussi dans l’insertion inadéquate et désarticulée des Etats africains dans le système politique et économique international.

En outre, nous estimons qu’il est impérieux que les Etats, les organisations sous-régionales et l’Union Africaine adoptent une approche proactive ou d’anticipation face à la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent. Cette approche devrait nous amener à investir davantage dans la solution des causes profondes de ces phénomènes tout en gérant leurs multiples conséquences.

Par ailleurs, la nature transnationale, transrégionale et multidimensionnelle du terrorisme et de l’extrémisme violent oblige les Etats à plus de coopération bilatérale et multilatérale tandis que les organisations sous-régionales devraient renforcer la coopération interrégionale en vue de faire face aux menaces communes.

Mais puisque nous sommes dans la période d’après le sommet extraordinaire de l´Union africaine qui se tenu à Malabo qui a dégagé la nécessité d’une approche nouvelle et renforcée dans la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la CEEAC estime que le point de départ consisterait à procéder à un audit profond des initiatives engagées et des mécanismes mis en place à ce jour et d’interroger leur pertinence, leurs apports et leurs limites.

Excellence Madame la Présidente du Conseil ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres ;

Mesdames et Messieurs ;

Je ne saurai clore mon propos sans réitérer les félicitations de la Commission de la CEEAC au Conseil de Paix et de Sécurité et à la Commission de l’Union Africaine pour l’organisation de cette importante réunion. Je voudrais également renouveler ici l’engagement de la CEEAC à apporter sa contribution à l’effort continental de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique.

Je vous remercie.

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